Les Yakuzas sont les membres de la plus grande organisation criminelle au monde ! Plutôt ironique quand on sait que leur nom signifie « perdants ». Alors qui sont-ils réellement et d’où viennent-ils?
Les Yakuzas dans l’histoire
L’entrée des Yakuzas dans l’histoire se fait au 17ème siècle au Japon, à l’ère Edo. L’époque d’Edo (ou période Tokugawa) commence en 1600 avec la prise de pouvoir du grand général Tokugawa Ieyasu, lors de la bataille de Sekigahara, engendrant la subdivision traditionnelle de l’histoire du Japon (division du pays en plusieurs échelons hiérarchisé). L’étymologie du mot « Yakuza » est en fait tirée d’un jeu de carte, où à la fin de la partie les valeurs des cartes sont additionnées et la somme représente le score du joueur. Le but du jeu est de se trouver le plus proche de 9. « Ya » vient de yattsu, qui signifie huit (ou hachi), « ku » veut dire neuf (ou kyu), et « za » est surement une déformation de « san » qui veut dire trois. « Ya-ku-za » est donc la somme de 8, 9 et 3, soit 20 et donc un score de 0, qui est une main perdante.
Néanmoins leur origine est encore sujet aux discutes. Alors que certains disent que les Yakuzas seraient issus de deux guides de Parias : les joueurs professionnels (les Bakuto) et les marchands ambulants (les Tekiya) les plus pauvres. Le but étant de former une armée pour survivre.
Les Yakuzas eux-mêmes contredisent cette théorie en affirmant descendre des Machi-Yokko (« les serviteurs des villes »). Au moment de la période de démilitarisation dès 1603 et lors de la « Pax Tokugawa », époque de paix durant près de 250 ans. Les samouraïs représentaient 10 % de la population, soit 2 à 3 millions de personnes.
Au 19ème siècle, le pays du soleil levant s’ouvrant à l’Occident, les Yakuzas en profitent en développant marché noir et autres trafics afin de mettre le pied dans la société. Commence alors les assassinats et autres infiltrations, qui vont payer lors de la 2nd Guerre mondiale, où ils sont appelés par le gouvernement afin de les aider. Jusqu’en 1945, où le Japon occupé, le seul moyen de survie dans les villes devient le marché noir. Les Yakuzas font alors régner l’ordre et rend service à la police. En 1960 se sont près de 200 000 membres que compte l’organisation, dirigée par seulement 4 familles.
L’histoire des Yakuzas évolue difficilement (guerre des gangs, innocents tués…), jusqu’à se trouver face à la Loi Antigang en 1992. Et depuis le 1er octobre 2010, de nouvelles ordonnances rendent illégales les relations entre population « civile » et yakuzas.
Les rituels et usages du Yakusa
La famille des Yakuzas possède des règles strictes, organisées par un schéma pyramidal de tradition Japonaise. A la tête, le patriarche, entouré de conseillers, comptables et juristes. C’est lui qui protège et conseil ses enfants. Ensuite se trouve deux lieutenants assurant la communication entre leurs subordonnés, les grands frères, qui eux s’occupent des petits frères.
Un code d’honneur (la voie chevaleresque, à l’image des Samouraïs) :
- Tu n’offenseras pas les bons citoyens.
- Tu ne prendras pas la femme du voisin.
- Tu ne voleras pas l’organisation.
- Tu ne te drogueras pas.
- Tu devras obéissance et respect à ton supérieur.
- Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui.
- Tu ne devras parler du groupe à quiconque.
- En prison tu ne diras rien.
- Il n’est pas permis de tuer un katagi (personne ne faisant pas partie de la pègre).
La règle 9 ayant aujourd’hui perdu de sa valeur en étant plus vraiment appliquée.
Citation de Saga Junichi, Mémoires d’un yakuza :
« Il y avait des règles précises pour pratiquement tout – de la façon dont on salue quelqu’un au-dessous ou au-dessus de soi, la façon de parler aux gens, la façon d’indiquer que vous les écoutez, tout. C’est un monde féodal, très différent de la vie ordinaire extérieure. Et ça va même jusqu’à influencer les relations que vous avez avec les femmes. »
L’entrée dans le clan des Yakuzas est une étape très importante. D’abord le futur Yakuza doit suivre un apprentissage durant une durée d’environ 6 mois et s’il est considéré apte à rejoindre le clan, il pourra poursuivre avec la cérémonie d’admission. L’intronisation se déroule au cours d’une cérémonie silencieuse (Sakasuki), pendant laquelle l’Oyabun (le parrain) et le Kobun (l’apprenti) échangent une coupe de saké, le tout se faisant dans une pièce traditionnelle Japonaise. Le futur Yakuza gardera la coupe en symbole de sa fidélité à son clan. Cette cérémonie d’allégeance a pour but de prouver son obéissance et son respect de la loi chevaleresque. Il doit ensuite trouver un travail et subvenir aux besoins de sa « famille ». Si par malheur il commet une faute, si il enfreint le code d’honneur, il doit, pour se faire pardonner se mutiler le petit doigt et l’offrir à l’Oyabun. S’il recommence, il doit continuer avec ses autres doigts. Cette punition issue des Bakuto n’est pas rare et peu de yakuzas conservent tous leurs doigts jusqu’à leur mort. Mais ils peuvent également donner un doigt à un autre clan pour mettre un terme à un conflit.
S’il commet une faute grave, le Yakuza sera exclu du clan, et radié de tout autre clan, lui empêchant de rejoindre une quelconque autre famille. Il peut alors faire acte de pénitence par le suicide (le rituel du Hara-Kiri ou aussi appelé seppuku), ancien rituel d’auto-éventration des samouraïs repris par les Yakuzas.
Mais le rituel primordial chez l’organisation des Yakuzas reste les tatouages.
L’importance des tatouages chez les Yakuzas
Le rituel du tatouage (Irezumi) est primordial dans la communauté des Yakuzas. Cette pratique est originaire des Bakuto (dont les membres se tatouaient un cercle noir autour du bras à chaque crime commis). Les Yakuzas se tatouent pour se différencier des différents clans. Mais ils sont aussi synonymes de courage, de force, et de fidélité envers leur « famille », étant donné qu’un tatouage est une marque indélébile.
Etant pratiqué traditionnellement, à l’aide d’aiguilles fixés à un baton en bambou ou en acier inoxydable, l’irezumi est long et fastidieux et peut prendre plusieurs mois voire plusieurs années de travail. Néanmoins malgré se trouvant sur tout le corps, il reste discret. Les mains, pieds, le cou ne sont pas tatoués, afin qu’une fois habillé on ne distingue plus aucun morceau du tatouage.
L’irezumi est donc une forme de tatouage traditionnel Japonais que se font les Yakuzas sur quasiment la totalité de leur corps. Un style de tatouage très coloré et perçu comme négatif par le peuple. D’ailleurs environs 70% des Yakuzas porte l’irezumi.
De nos jours les tatouages sont encore très mal vus au Japon, interdisant même certains bains publics et autres lieux à toute personne portant des tatouages.
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